La guerre des gauches ?...Vraiment ?
Contexte : Université d'été du PS de La Rochelle, le week-end dernier. "C'est fini le Grand soir !", clame François Hollande devant les jeunes socialistes. Bertrand Delanoë dénonce "l'état d'esprit alangui d'un parti de notables''.Vraisemblablement vexée, la troupe des marxistes refoulés du PS réagit : Razzye Hammadi fait chanter ''l'internationale'' à ses ouailles en lançant "Il y a des choses qu'on veut changer et des choses qu'on veut garder", et Benoit Hamon dénonce une ''droitisation du PS''.
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Je commence à être franchement agacé par les refrains débagoulés par ces maîtres-étalon de la gauche pure et dure, celle qui en a dans le pantalon. Cette ''gauche'' qui n'a toujours pas digéré un certain congrès de Tour (qui privilégia la réforme et le compromis au profit de la violence révolutionnaire et des doctrines statiques). Cette "gauche" qui cultive la haine des élites, qui a des relents nationalistes souvent refoulés (rappelez-vous, le plombier polonais), qui cite Marx comme le dévot cite la Bible, qui honore Jean Jaurès sans comprendre que leur modèle s'appelle en fait Jules Guesde.
Partisane du « c'était mieux avant », vous savez, l'époque ou la mondialisation n'existait pas (trop), où l'on pouvait faire nos petites lois, dans notre coin, sans être emmerdés par cette connerie d'Europe, qui paralyse, étouffe, étrangle, etc.
Pour ces gens, la Gauche est avant toutes choses un ensemble de mesures où l'état (qui représente le peuple véritable, dit ''prolétaires'') outrepasse, où supplante, les patrons oppresseurs. Si l'on ose remettre en cause ces précieux préceptes, on est des vendus, des sociaux-traitres, gauche bobo, ou caviar, qui fait du vélo en ville, monte des entreprises, et autres ignominies.
Cette gauche, autoproclamée « vraiment à gauche », y est – selon moi – aucunement. Rappel utile d'une distinction plus que jamais d'actualité :
1] La droite à un but fondamental : conserver. Etre de droite, c'est être conservateur. Vouloir garder ces petites choses, immuables, que la nature nous aurait inexplicablement inspirés. Elle n'aime pas la transparence et promulgue le concept de pouvoir transcendantal, qui n'a de comptes à rendre à personne. Elle adore les classements, les triages, les oppositions, les séparations. ''Diviser pour mieux régner'' est sa devise. Hostile à l'idée de « vie privée », la liberté l'inquiète, spécialement cette liberté soixante-huitarde brocardée par Sarkozy (changement radical du statut des femmes, liberté sexuelle, « Il faut en finir !». )
2] La gauche, c'est le mouvement continuel vers plus de libertés, la remise en cause permanente de dogmes ou de préjugés qui nous confinent dans une servitude volontaire et nuisent à notre épanouissement personnel. C'est promouvoir la justice face aux souffrances et aux prophéties fanatiques qui font, ou veulent faire de nous, des esclaves.La gauche, c'est aussi la réactivité, l'invention continue de nouvelles formes de régulations adaptés à la configuration du monde actuel.
Etre de gauche ce n'est pas s'accrocher, tel un morpion sur un pubis, à tel ou tel acquis, mais en inventer des nouveaux, toujours plus en accord avec notre vie quotidienne.
Etre de gauche, c'est embrasser la société dans son ensemble, dans sa complexité, avec ses différences et ses contradictions, ne jamais segmenter ou vouloir monter un groupe contre un autre. C'est enfin, et surtout, être radicalement démocrate et -donc- vouloir dénier toute valeur archaïque ou divine au pouvoir exécutif.
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Au fond, se revendiquer de Gauche, c'est par définition être libéral. Un vrai de vrai, pas ceux qui crient au patriotisme économique, bourrent les prisons, cultivent le communautarisme à outrance, ou mélangent immigration et identité nationale, comme le fait si bien notre cher Président de la République.
Si Sarko veut vraiment éliminer « ce conservatisme qui anesthésie la société française », je lui conseille vivement de changer de politique, car il est très mal parti.